28/10/2025 reseauinternational.net  5min #294640

 Venezuela : Le véritable objectif du Commandement Sud sur les côtes vénézuéliennes

Faut-il s'attendre à une intervention américaine au Venezuela ?

par Alexandre Lemoine

Le plus grand porte-avions du monde a été envoyé au large du Venezuela dans le cadre de la lutte annoncée par le président américain Donald Trump contre les cartels de la drogue. Le locataire de la Maison-Blanche a menacé de mener une opération terrestre contre la mafia de la drogue sur le territoire vénézuélien. Les autorités de ce pays ont déclaré qu'elles considéraient le renforcement du groupe naval américain comme une preuve que Trump se prépare à déclencher une guerre, dont l'objectif consiste à renverser le président vénézuélien Nicolás Maduro.

L'un des navires de guerre américains les plus récents et les plus coûteux, l'USS Gerald R. Ford, ainsi que ses navires d'escorte  sont déployés en mer des Caraïbes. Le journal The Guardian, citant des responsables américains actuels et anciens,  affirme que le déploiement du porte-avions permettra de frapper les systèmes de défense aérienne du Venezuela. Cela, à son tour, ouvrira la voie aux forces spéciales et aux drones américains et donnera la possibilité de détruire des cibles au sol.

La date exacte de l'arrivée de l'USS Gerald R. Ford dans les Caraïbes n'a pas été communiquée. Jusqu'à récemment, il se trouvait en Méditerranée. Le Venezuela a considéré la projection du porte-avions comme une menace de déclencher des hostilités à grande échelle. «Ils ont promis qu'ils ne participeraient plus jamais à  une guerre, mais ils en inventent une», a déclaré Maduro aux médias publics. Trump ne prononce pas le mot «guerre». Il a simplement déclaré le 23 octobre, en répondant aux questions des journalistes à la Maison-Blanche, que les militaires américains pourraient, dans certaines circonstances, commencer des opérations contre la mafia de la drogue directement sur le territoire de l'Amérique latine. « La terre sera la prochaine. Nous irons peut-être au Sénat, au Congrès et leur en parlerons, mais je n'arrive pas à imaginer qu'ils aient le moindre problème avec cela», a déclaré Trump.

Le renforcement de la présence militaire américaine dans la région se poursuit depuis septembre. Environ 6000 marins et fantassins de marine américains se trouvent en mer des Caraïbes à bord de 8 navires de guerre.

Leur mission s'explique simplement : c'est ainsi que Trump lutte contre le trafic de drogue. Les États-Unis ont déjà porté 10 frappes contre des navires présumés de trafiquants de drogue. Le président américain considère le Venezuela comme l'une des principales plaques tournantes pour la contrebande de drogue vers les États-Unis et l'Europe. Il accuse également les autorités du pays latino-américain, en particulier Nicolás Maduro lui-même, de faire partie du groupe criminel transnational Tren de Aragua, ainsi que du Cartel de los Soles (Cartel des Soleils), une organisation criminelle prétendument créée par les militaires vénézuéliens. Ces accusations sont pour l'instant infondées. Il n'existe aucune preuve fiable que l'élite politique vénézuélienne soit massivement impliquée dans le trafic de drogue. L'existence même du Cartel de los Soles est souvent remise en question. Aucune preuve n'a été fournie que les navires attaqués par les Américains aient réellement un quelconque lien avec les cartels de la drogue.

Cependant, l'arrivée de l'USS Gerald R. Ford au large du Venezuela constituera un témoignage assez solide en faveur de l'idée que les plans de Trump vont au-delà de la conduite d'opérations terrestres contre les trafiquants de drogue. Il n'existe ni au Venezuela ni dans les pays voisins de cartels de la drogue suffisamment bien armés pour qu'il soit nécessaire d'utiliser un groupe aéronaval de combat contre eux.

En démontrant sa force, Trump espère que les partisans de Maduro se détourneront de lui. La raison du mécontentement de Washington envers le pouvoir vénézuélien réside dans le fait que le pays se positionne ouvertement comme un adversaire des États-Unis. Nicolás Maduro cherche à élargir les contacts avec la Chine et la Russie, soutenant leurs actions en politique étrangère, ce qui ne manque pas de provoquer l'indignation à la Maison-Blanche.

La pression sur le Venezuela est aussi une mesure d'avertissement pour tous les pays d'Amérique latine. De retour au pouvoir en 2025 pour la deuxième fois, Trump s'efforce de ramener l'Amérique latine dans la sphère d'influence de Washington. L'influence de la Chine dans cette région s'est accrue depuis plus d'une décennie. La Chine est désormais le deuxième pays en termes de volume commercial avec la région. La sortie de l'Amérique latine de la tutelle des États-Unis et même la diversification de ses liens politiques et économiques étrangers ne conviennent absolument pas à Trump.

Les perspectives que des frappes terrestres soient réellement menées semblent actuellement improbables, principalement pour des raisons liées à la politique intérieure américaine. Au Congrès américain, le mécontentement grandit face aux actions du président, qui utilise personnellement les forces armées du pays. Selon la Constitution, leur utilisation doit être sanctionnée par le Sénat.

Cependant, comme l' a déclaré le sénateur américain Lindsey Graham, Donald Trump pourrait décider d'étendre les frappes contre le Venezuela, y compris sur son territoire terrestre. C'est ce que rapporte Politico.

«Le président Trump m'a informé hier qu'à son retour d'Asie, il prévoyait d'informer les membres du Congrès des futures opérations militaires potentielles contre le Venezuela et la Colombie», a indiqué le sénateur.

source :  Observateur Continental

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